Roberto Devereux

Gaetano Donizetti

« Pour moi, ce sera l’opéra de mes émotions ». C’est avec douleur et amertume que Gaetano Donizetti (1797-1848) évoque Roberto Devereux. Car les circonstances qui entourent la composition de cet opéra sont particulièrement tragiques : en l’espace de quelques semaines le compositeur a perdu sa femme et l’enfant qu’elle venait de mettre au monde. Pour ne pas sombrer, le musicien se jette à corps perdu dans le travail afin d’honorer une commande du Teatro San Carlo de Naples.

Le triomphe de Lucia di Lammermoor (1835)a définitivement consacré la suprématie de Donizetti devenu désormais le plus grand compositeur lyrique italien après le retrait de Rossini (1792-1868) et le décès de Bellini (1801-1835). Lucia a marqué le début d’une longue collaboration entre Donizetti et Salvatore Cammarano (1801-1852). Le librettiste écrira sept livrets pour Donizetti dont celui de Roberto Devereux.

Cammarano adapte une pièce française de François Ancelot, Elisabeth d’Angleterre (1832), qui a déjà inspiré à Felice Romani le livret d’un opéra de Mercadante (1795-1870), Il Conte d’Essex (1833). Prudemment débarrassée de la moindre allusion ou dimension politique, l’intrigue est basée sur un triangle amoureux des plus conflictuels : outragée par sa trahison, la reine Elisabeth se déchaîne contre son favori épris d’une rivale dont elle ignore l’identité jusqu’au dernier moment.

Figurant au nombre des derniers « opera seria » du musicien, Roberto Devereux est le troisième portrait lyrique que Donizetti consacre à la grande Elisabeth 1ère après Elisabetta al castello de Kenilworth (1829) et Maria Stuarda (1834). La vérité historique n’est pas la préoccupation essentielle de ce tableau passionné de la fameuse « reine-vierge ». Elisabeth est habitée par un fort ressentiment et un ardent désir de vengeance, comme en témoignent particulièrement la tension du second acte et la grande scène sur laquelle se referme cet ouvrage marqué par une puissante intensité dramatique.

Roberto Devereux fut triomphalement accueilli mais ce succès immédiat fut compromis par la maladie qui frappa les principaux chanteurs de la première distribution. Après un arrêt prématuré des représentations, l’ouvrage fut repris les années suivantes à travers le monde entier. On a pu comparer le rôle d’Elisabetta à celui de Norma (1831) de Bellini : on y retrouve la même virtuosité et la même maîtrise dans l’écriture mélodique. L’écriture vocale est au service de l’expression des sentiments. Les chœurs et l’orchestre s’effacent devant la puissance des confrontations entre protagonistes. Montserrat Caballé, Beverly Sills ou encore Edita Gruberova, se sont illustrées dans le rôle d’Elisabetta.

 

La reine Elisabeth aime Roberto Devereux, comte d’Essex, qui est accusé de trahison pour avoir soutenu une rébellion en Irlande. Roberto ne peut compter que sur le pardon de la reine pour échapper à une condamnation. Mais Elisabeth soupçonne son favori d’aimer une autre femme. Elle n’apprendra qu’au dernier moment qu’il s’agit de Sara, l’épouse du Duc de Nottingham. Dans un accès de rage et de jalousie, la reine a signé l’arrêt de mort de Roberto. Cette décision sera inexorablement suivie d’effet alors qu’elle était prête à pardonner. Désespérée, Elisabeth envisage de rejoindre Roberto dans la mort après avoir abdiqué.

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Conférences sur cette œuvre

– Théâtre de l'Espérance

ROBERTO DEVEREUX - Une Elisabetta peut en cacher une autre

Conférence
Conférencier.ère: Chantal Cazaux

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