Boris Godounov
Modest Moussorgski
Devenir tsar, certes. Mais au prix d'un crime? Boris a-t-il fait assassiner le tsarévith Dimitri, l'enfant qu'il fallait enjamber pour parvenir au trône? Les historiens n'en sont pas sûr. Mais le tsar, lui, le sait bien, qui vit avec son remords, hanté jusqu'à l'hallucination. Le pouvoir rend-il heureux? A entendre Boris à peine couronné devant tout son peuple, puis dans la solitude de son palais, régner c'est plutôt vivre dans l'angoisse, dans la peur des complots, sous la menace de ce mystificateur qui se fait passer pour le tsarévitch légitime et rassemble ses partisans. Et quand Boris se trouve en face de l'Innocent, à qui il demande de prier pour lui, mais qui répond qu'on ne prie pas pour le roi Hérode, il comprend que la défaveur de tout son peuple s'ajoute à son isolement.
Porté par une musique sublime, le spectateur épouse la conscience ravagée du souverain, revisite avec Pimène les bouleversements de l'histoire du règne, revit avec Varlaam le siège de Kazan, s'unit à la prière du peuple, rencontre le regard illuminé et visionnaire de l'Innocent.
Pierre Michot