Fantasio

Fantasio est souvent présenté comme l’antichambre des Contes d’Hoffmann. Comme ce dernier opus dans la carrière prolifique de Jacques Offenbach, il s’agit d’un ouvrage sérieux qui contraste avec son image communément répandue de roi de l’opérette. Basé sur la pièce éponyme d’Alfred de Musset, l’opéra en retient le ton mélancolique. On y entend des romances qui n’ont rien à envier à celles des Contes d’Hoffmann, mais aussi le talent d’orchestrateur d’Offenbach, ainsi que son sens dramatique, non sans retrouver certains éclats comiques dignes de la verve offenbachienne de ses plus grands succès aux Bouffes-Parisiens ou au théâtre des Variétés.

Créé en 1872 à l’Opéra-Comique de Paris, l’œuvre souligne, alors que la France pansait ses plaies à la suite de la défaite de 1870, le changement radical qui s’était opéré dans la société à la chute du Second Empire et son échec rappelle la place difficile de celui qui était né allemand avant de se faire naturaliser français. Quoi qu’il en soit des désillusions, il reste une magnifique partition fort injustement oubliée.

Delphine Vincent