Guillaume Tell
Gioacchino Rossini
Dans son dernier opéra Rossini prend tous les risques pour s’adapter aux nouveaux goûts du public : Guillaume Tell, grande fresque historique inspirée de la tragédie de Schiller, rompt avec l’univers du bel canto et inaugure le genre du « grand opéra à la française » qui va s’épanouir avec Meyerbeer.
En choisissant de mettre en musique cet épisode fondateur de la Confédération Suisse, Rossini ne rencontra pas le succès espéré. Sans doute parce qu’il s’agissait d’une œuvre charnière, à l’orée du romantisme, dans laquelle le sentiment de la nature et l’élan patriotique étaient servis par de nouvelles typologies vocales bien éloignées du style habituel du grand compositeur italien. Afin de servir au mieux l’expression dramatique, Rossini s’éloigna de l’écriture ornée qui avait assuré son immense célébrité pour créer des rôles aux exigences vocales redoutables. Le personnage d’Arnold, qualifié de « tombeau des ténors » comme celui de Mathilde, véritable soprano spinto, réclament des interprètes capables de s’imposer face à une orchestration devenue puissante pour gagner en expressivité théâtrale.
Avec Guillaume Tell nous sommes très loin du Barbier de Séville et tout près de Verdi. L’œuvre annonce avec audace l’avenir romantique tout en décevant le public qu’elle cherchait à conquérir. Son exceptionnelle longueur lui valut rapidement d’être donnée de manière parcellaire et la difficulté de sa distribution ne lui permit pas de s’imposer dans le répertoire lyrique comme elle l’aurait mérité. Véritable poème symphonique avant la lettre, sa fameuse ouverture en quatre mouvements demeure une des pages musicales parmi les plus célèbres.
Opera Online