Idoménée
Titre original
Idomeneo, re di Creta
Wolfgang Amadeus Mozart
« Une de ces œuvres que même un génie de tout premier ordre comme Mozart ne réussit qu’une fois dans sa vie. ». C’est ainsi qu’Alfred Einstein définissait Idoménée, roi de Crète, troisième incursion de Mozart dans le genre de l’ « opera seria » dont il fait éclater les cadres traditionnels pour ouvrir la voie au drame lyrique. Après Mithridate (1770) et Lucio Silla (1772), alliant la fougue de la jeunesse à la maîtrise de la maturité, Mozart utilise en les modifiant profondément les éléments d’un genre basé sur des airs qui s’enchaînent sans véritable souci de la progression dramatique. Le héros lié par un serment qui le contraint à sacrifier un être cher, thème en vogue au XVIIIème siècle, lui offrait de belles ressources. Comme en témoigne l’abondante correspondance échangée avec son père durant la courte et passionnante genèse de cet ouvrage, Mozart a constamment cherché à modifier le livret initial qu’il jugeait décevant, en lui insufflant une dynamique théâtrale nouvelle grâce à ses innovations musicales. La présence à Munich du fameux Orchestre de Mannheim considéré alors comme le meilleur d’Europe, a contribué au développement d’une exceptionnelle richesse symphonique. Dès l’Ouverture, l’orchestre accède au rang de véritable protagoniste. L’importance et la puissance d’expression des chœurs, qui s’inspirent de la tragédie lyrique de Gluck, découverte à Paris, préfigurent La Flûte Enchantée. Ilia et Idamante préparent Pamina et Tamino tandis qu’Electre, furie pleine de noirceur, prend un relief extraordinaire grâce aux audaces d’écriture qui caractérisent ce rôle annonciateur de la Reine de la nuit. Idoménée, conçu sur mesure pour le célèbre ténor Anton Raaff, continue de séduire les plus grands, comme Pavarotti et Domingo. Cet opéra novateur fut le premier grand succès de Mozart qui mettait en scène l’abdication d’un roi en faveur de son fils au moment même où il se dégageait de la tutelle de son père. L’ouvrage a connu trois versions : une partition initiale précédant la représentation ; celle utilisée en 1781 lors de la première munichoise comportant des suppressions et une version créée lors d’une reprise à Vienne en 1786.
Après la chute de Troie, le roi Idoménée peut enfin songer à regagner sa patrie après une longue absence pendant laquelle son fils Idamante assurait la continuité de son règne et la garde des prisonniers troyens au nombre desquels se trouve Ilia, fille du roi Priam. Pour échapper à une formidable tempête qui l’empêche de rejoindre la Crète, Idoménée promet au dieu Neptune de lui sacrifier le premier être vivant qu’il rencontrera en débarquant. C’est malheureusement son propre fils qui l’accueille sur le sol natal. En offrant sa vie en échange de celle d’Idamante, qu’elle aime et dont elle est aimée, Ilia parviendra à fléchir Neptune et à délivrer Idoménée de son funeste vœu.
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