Macbeth

Au soir d’une bataille où il s’est couvert de gloire, des sorcières annoncent au général Macbeth qu’il sera roi. Plus tard, celui-ci apprend qu’il ne pourra être vaincu que par un homme qui ne sera pas né d’une femme, en un jour où la forêt avancera sur lui. Poussé par sa diabolique épouse, celui-ci assassinera le roi et ses descendants, sera proclamé roi lui-même, mais, tandis que Lady Macbeth sombre dans la folie, il sera abattu par le fils né avant terme du feu roi, tandis que l’armée de celui-ci, dissimulée derrière des troncs coupés, gagnera la bataille.

« Cette tragédie est une des plus grandes créations humaines ! » avait écrit Giuseppe Verdi à son librettiste Piave. « Si nous ne pouvons pas en faire une grande chose, essayons au moins d’en faire une chose qui sorte de l’ordinaire ». Et hors de l’ordinaire elle le sera, cette œuvre qui déroge singulièrement à la tradition italienne, avec « sorcières, apparitions, divinations, sabbats, feux de Bengale et feux follets, fantômes et fantasmes, gnomes, sylphes, ondines et décors sauvages. » Comble de la hardiesse : aucune trace d’une intrigue amoureuse, mais une soif insensée du pouvoir qui pousse au crime Macbeth et sa Lady et finira par enfermer ce couple infernal dans une solitude qui les coupe du réel, en proie aux cauchemars de la conscience. Pour ce faire Verdi inventera un style vocal, une teinte orchestrale et une dramaturgie qui rendent parfaitement justice au drame shakespearien.

Sandro Cometta