Maria de Buenos Aires

Astor Piazzolla

Opéra-tango en deux parties du compositeur Astor Piazzolla et du poète Horacio Ferrer, créé le mercredi 8 mai 1968 à la Salle Planeta de Buenos Aires en Argentine.

Plonger dans l’œuvre de Piazzolla et de Ferrer, c’est risquer un bouleversement qui dépasse l’entendement. Dans cet operita comme ses créateurs aimaient à le nommer, la musique puissante du tango nuevo de Piazzolla et la poésie déroutante de Ferrer, aux mots inventés ou empruntés au lunfardo, l’argot de Buenos Aires, nous propulsent au cœur de cette ville sulfureuse, hypersensible et dangereuse.

Une ville controversée nourrie aux seins de la nostalgie et de l’espérance de centaine de millier de migrants européens et africains. Le port, à l’origine nommé de Nuestra Señora Santa Maria del Buen Aire ou « Notre-Dame-Sainte-Marie-du-Bon-Vent », protectrice des arins, se situe sur l’estuaire du Rio de la Plata, le fleuve de l’argent, à la rencontre salée de l’océan atlantique sud. C’est ici que par la force du désir et du désespoir, les porteños ont mêlé leurs sangs, entrelacé leurs racines et fusionné leurs cultures pour créer l’âme de Buenos Aires.

Buenos Aires, creuset de la détresse humaine d’où exhale la rage de vivre et d’aimer, trouve sa respiration dans le tango. D’abord dans les conventillos, véritables maisons de misère où s’entassent les immigrants, les hommes dansent ensemble. Ils inventent la danse au fur et à mesure que la musique évolue. Puis ils vont danser dans les maisons closes, les bordels, avec les prostituées venues elles aussi d’Europe et d’Afrique. Le tango est une danse des bas-fonds où l’humanité magnifie ses désillusions, sa nostalgie, sa rage. Et puis un jour, cette musique hérétique est propulsée sur les plus grandes scènes du monde et les tangueros deviennent les messies de la culture argentine. De leur côté, les poètes du tango comme l’argentin Jorge Luis Borges ou l’uruguayen devenu argentin Horacio Ferrer content de leurs mots la noirceur humaine, la douleur de l’amour trahi et la passion brûlante de la vie.

Lorsque Piazzolla demande à Ferrer d’écrire un opéra dont l’intrigue se passerait à Buenos Aires, l’idée lui vient rapidement de personnifier la ville toute entière à travers la femme : Maria, à la fois bénie et maudite entre toutes les femmes. « Comme une spirale qui monte peu à peu dans le ciel. J’ai voulu donner une idée de toutes les Buenos Aires que j’ai connues et de tout ce qui fait partie de Buenos Aires, avec ses personnages parfois lunatiques. Comme Le duende, qui est l’esprit nocturne de Buenos Aires. » Horacio Ferrer dans La Salida n°48, Avril-Mai 2006. Chez Ferrer, le mysticisme et le religieux s’unissent dans une seule et même danse, faisant de la chorégraphie humaine une messe atypique.

Le compositeur de tango Astor Piazzolla est quant à lui aussi controversé que la ville qu’il représente. Issu des vagues d’immigration italiennes, il est en réalité né à Mar Del Plata, au sud de Buenos Aires, et a vécu son enfance et son adolescence dans la violence de Greenwich village, à New-York. Il n’arrivera à Buenos Aires que tardivement. Ce qui interpelle dans sa musique, c’est le chemin parcouru et les nombreuses influences qui ont façonné l’artiste en exil. Piazzolla s’est d’abord détourné du tango avant de le célébrer. À l’âge de 16 ans, il se sentait davantage américain qu’Argentin et en décidant de devenir compositeur, ce sont Bach, Gershwin, Stravinsky, Bartók ou Ginastera qui ont éveillé son ambition... jusqu’à ce que Nadia Boulanger, l’exigeante pédagogue et musicienne française l’aide à trouver le vrai Piazzolla. Astor Piazzolla est argentin, bandonéoniste et compositeur d’un tango nouveau et audacieux dont le monde dira en l’écoutant que « sa musique, c’est : Buenos Aires

                                                                                                    Oriane Joubert

Conférences sur cette œuvre

– Théâtre de l'Espérance

MARIA DE BUENOS AIRES - Légende d'une ville promise

La conférence sera menée par Oriane Joubert au micro et au piano, Narciso Saul à la guitare et au chant, Gaëlle Poirier au bandonéon, Tomas Hernandez-Bages au violon et Mario Castañeda-Nader au violoncelle.

NB aucune réservation de place possible

Conférence
Conférencier.ère: Oriane Joubert

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