Médée

Marc-Antoine Charpentier

Pour un spectateur qui aborde la Médée de Charpentier avec des souvenirs de Cherubini, le dépaysement est total. L’univers sonore est celui d’un baroque bien antérieur à Rameau, faisant alterner des récitatifs intimistes, des « récits » largement déclamés, de grandes scènes chorales, des morceaux de ballet et des airs « à la française ». On verra ce qu’il faut entendre par ces catégories, afin d’écouter Médée avec des oreilles attentives à des nuances aujourd’hui oubliées. L’écriture musicale est dense, chargée à chaque instant d’une expressivité qui tient à un usage inventif de l’orchestre et à un penchant pour la dissonance tourmentée.

Le librettiste, Thomas Corneille, a fourni une riche matière dramatique en conservant les complications de l’intrigue introduites par son frère Pierre. Surtout, il a profité de la liberté qu’avait l’opéra de mettre en scène le surnaturel, ce qui a permis de donner à Médée toute sa dimension de sorcière et d’enchanteresse. Le terme de « baroque » est donc à prendre au sens fort, celui d’une esthétique luxuriante et propice à l’envol de l’imagination.

Michel Noiray

Conférences sur cette œuvre

MÉDÉE de Marc-Antoine Charpentier

Conférence
Conférencier.ère: Michel Noiray

Théâtre de l'Espérance

En savoir plus sur Médée
Détails