Norma
Vincenzo Bellini
Dans la Gaule envahie par les Romains, la prêtresse Norma, fille du chef des Druides Oroveso, a été secrètement séduite par le proconsul romain Pollione qui lui a donné deux enfants puis s’est épris d’une jeune prêtresse, Adalgisa. Pour sauver l’amant et l’amie, Norma, qui a trahi ses dieux et son peuple, se soumet à la loi et monte sur le bûcher comme victime sacrificielle, suivie, comme il se doit, dans son geste héroïque par le Romain repenti.
Pourquoi s’intéresser à Norma? Parce que le rôle de la vestale Gauloise occupe une place privilégiée dans les rêves de toutes les cantatrices douées de voix et de caractère… et parce que ce rêve peut facilement virer au cauchemar! Parce Bellini et son librettiste Romani font la démonstration qu’un sujet de nanar peut toucher au sublime. Parce que rarement une partition à l’apparence aussi claire et facile dans son écriture demeure aussi difficile à interpréter. Parce qu’à travers Norma, le Néoclassicisme entre de plain-pied dans le Romantisme. Parce que « Casta Diva » a été réécrit 15 fois avant de trouver sa forme définitive Parce que Fromental Halévy aurait donné toute sa musique en échange du seul « Casta Diva ». Parce que Norma compte parmi ces chefs-d’œuvre incompris et hués le jour de leur création. Parce que Wagner voulait que sa tête repose à jamais sur la partition de Bellini. Parce que pendant toute mon enfance, j’ai vu sur le billet de 5.000 lires Italiennes, cette femme mystérieuse, les bras levés vers le ciel en signe d’incantation. Parce que la « pasta alla Norma » est à la cuisine italienne ce que la partition de Bellini est au monde de l’opéra. Parce que…
Sandro Cometta