Samson et Dalila
Camille Saint-Saëns
De la douzaine d’opéras composés par Saint-Saëns, un seul reste dans nos mémoires, qui pourtant n’est pas réapparu au Grand Théâtre depuis presque trente ans. On se réjouit donc de retrouver cette musique grandiose dans les scènes chorales, sensuelle dans les séductions de l’héroïne, émouvante dans les humiliations du héros, exotique dans la bacchanale, spectaculaire dans l’écroulement du temple. Car le compositeur, décrié par ceux qui le taxent d’académisme, mais tellement maître de son écriture, a su trouver les justes accents pour construire un drame aux progressions bien marquées, pour donner à l’orchestre son poids et ses couleurs, pour caractériser les personnages, où l’on comprend que les plus grands chanteurs aient voulu laisser leur trace : la faille dans la force, le remords et la vengeance du guerrier Samson, les ensorcelantes mélodies qu’entonne Dalila la femme fatale, aussi rusée que voluptueuse, vénéneuse et corruptrice.
Pierre Michot